L’intestin n’est pas simplement un tube digestif. Il est le premier organe récepteur et stockeur de nos émotions et du stress en général. Il est en communication constante avec le système nerveux, et les autres microbiotes du corps (bouche, sphère ORL, peau, organes sexuels, glandes mammaires…).
De quoi est composé notre intestin ?
Notre intestin est constitué d’une muqueuse et d’un microbiote[1] (ou flore intestinale). Ce dernier est un ensemble de micro-organismes vivants non pathogènes (bactéries, champignons, virus) logeant tout le long de l’épithélium intestinal. Il est peuplé de plus de 10 000 milliards de micro-organismes. C’est 10 fois plus que le nombre de cellules du corps.
Tout changement au niveau de l’écologie bactérienne intestinale aura des répercussions sur les autres fonctions de l’organisme. Notre microbiote est notre disque dur interne.
A l’intérieur de ce disque dur se trouvent les cellules et bactéries gérant le système immunitaire, neurologique, digestif, nerveux et métabolique. On comprend alors pourquoi une dysbiose est une réelle atteinte à notre santé.
Un des rôles essentiels de notre écosystème intestinal est d’abriter nos cellules immunitaires. Entre 70% et 90% de celles-ci y logent et y travaillent. Toute atteinte à la muqueuse intestinale ou à l’équilibre de la flore bactérienne viendra perturber le bon fonctionnement de notre immunité.
Nos humeurs, nos angoisses, la gestion du stress, du sommeil…sont gérées par ce même intestin à partir des molécules issues de notre assiette. La sérotonine (dont dépend aussi la fabrication de mélatonine) est un des neuromédiateurs régulant notre comportement et nos humeurs. Elle est fabriquée à 95% dans l’intestin. Ce chiffre parle de lui-même.
Ce sont les villosités intestinales qui permettent l’assimilation des vitamines et des minéraux que nous consommons. Sans assimilation, pas de réaction métabolique.
Notre intestin loge plus de 200 millions de neurones. Ce que l’on appelle le système nerveux entérique, qui est en connexion directe avec notre système nerveux central. Cette communication est bidirectionnelle et se fait par les voies nerveuses sympathiques et parasympathiques (nerfs vagues) du système nerveux autonome. Les bactéries de notre microbiote contribuent elles aussi à la communication intestin-cerveau. Nous savons aujourd’hui qu’un déséquilibre du microbiote intervient dans le développement de nombre de maladies dégénératives (Parkinson, Alzheimer) et de maladies psychiques telles que l’anxiété, les troubles bipolaires, la dépression.
Dysbiose et hyperperméabilité intestinale
« Leaky gut » en Anglais, ou « l’intestin qui fuit » fait référence à une paroi intestinale poreuse, dont le rôle de barrière n’est plus assuré. On parle alors d’hyper perméabilité intestinale (HPI). Une HPI est la porte ouverte à toutes sortes d’éléments pathogènes. Virus, bactéries, mais également allergènes ou molécules alimentaires pouvant engendrer des intolérances (souvent au gluten ou la caséine). Le passage de telles molécules déclenche des réactions inflammatoires devenant chroniques, une surcharge hépatique et des dysfonctionnements du système immunitaire.
Le stress, la prise de médicaments, d’antibiotiques, d’anti inflammatoires, une alimentation inadaptée, le sport intensif, un rythme de vie perturbé (travail de nuit, vols longs courriers), l’exposition à l’altitude extrême régulière, aux polluants… sont autant de facteurs venant affaiblir les défenses immunitaires. Dans le cadre de notre étude, le sportif est souvent soumis à plusieurs de ces facteurs.
Carences
Un intestin endommagé n’est plus en mesure d’assimiler les nutriments. Il en découle inévitablement des carences nutritionnelles (zinc, fer, calcium, acides gras…).
Maladies de l’intestin
Les troubles du transit, les ballonnements, les diarrhées, la constipation sont les premières manifestations d’une dysbiose. Si cette dernière s’installe de manière chronique, les symptômes s’empirent et la maladie prend alors le dessus. C’est ainsi qu’avec les années peuvent s’installer les Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin telles que la maladie de Crohn par exemple.
Troubles de l’humeur
Un mental en berne, un sommeil déstructuré, des humeurs agressives, des syndromes anxieux trouvent souvent leur cause au niveau de l’intestin. Un état de dysbiose ne permettant pas la synthèse de la sérotonine, c’est tout l’équilibre des neurotransmetteurs qui se voit perturbé.
Troubles tendineux et ostéo-articulaires
Cette inflammation intestinale peut également générer un déséquilibre des systèmes nerveux. C’est alors qu’apparaissent des douleurs ostéo-tendino-articulaires, avec maux de dos et névralgies fréquentes. Mais aussi des douleurs articulaires au niveau des doigts, orteils et pieds notamment. La relation entre spondylarthrites et inflammation intestinale est aujourd’hui bien documentée dans le milieu médical[2] , ainsi que la fragilité osseuse, les problèmes de peau, des troubles prémenstruels…
Votre intestin est un organe à part entière, dont dépend le bon fonctionnement de votre santé, à tous les niveaux. Prenez en soin, car il est votre chef d’orchestre!
[2] https://www.fmcgastro.org/texte-postu/postu-2019-paris/maladies-inflammatoires-articulaires-et-mici-quelles-therapeutiques/
[1] Notre microbiote est l’ensemble des bactéries qui constituent notre flore intestinale et qui a commencé à se développer dès notre naissance.